Titre : LA MAGIE ÉNOCHIENNE : MYSTÈRE & FASCINATION
Auteur : Matthieu LÉON
Cette article est la Préface de " LE LIVRE DU RASSEMBLEMENT DES
FORCES
(La Magie Énochienne de la Golden Dawn) " © Éditions Ramuel, 1994
LA MAGIE ÉNOCHIENNE :
MYSTÈRE & FASCINATION
De tous les systèmes connus dans l'univers magique, le système
dit "énochien" est certainement le plus original sur plus d'un
point. Cette originalité est sans doute responsable de la fascination
qu'exerce sa pratique sur les ésotéristes modernes. Plusieurs
de ses spécificités sont à étudier afin de pouvoir se retrouver
en terre énochienne, souvent mêlée de manière indistincte à celle
des autres systèmes magiques connus.
I) Genèse du système
Tout d'abord, il est à noter que toutes les bases du système magique
énochien ont été établies par deux personnes au cours de cérémonies
dont le but était l'établissement d'un contact direct entre les
opérateurs et l'Éternel en personne. Ces deux chercheurs étaient
le mathématicien et astrologue de la Reine Élizabeth, John Dee
(1527-1608), et le clerc de notaire (véreux mais clairvoyant)
Edward Talbot, dit Kelley ou Kelly (1555-1595).
John Dee était sans doute l'un des plus importants cerveaux européens
de son temps. À dix-huit ans, par exemple, il enseignait la géométrie
d'Euclide à la Sorbonne; ami du géographe Gérard Mercator, il
avait inventé plusieurs instruments de mesure de navigation, encore
conservés au British Museum.
Il avait constitué l'une des plus importantes bibliothèques de
son époque : son catalogue recensait quatre mille volumes dans
tous les domaines de la connaissance, on trouve par exemple dans
ses rayons religieux la Bible Catholique Romaine à côté de celle
de Luther, du Coran... Dee connaissait également les grimoires
et toute la tradition Magique. Il possédait les trois écrits majeurs
(pour l'occultiste) de l'Abbé Jean Trithème : la Poligraphiae,
imprimée à l'époque, la Stéganographie, encore manuscrite mais
déjà célèbre, et le petit Traité des Causes Secondes. Dee se défendait,
sans doute en toute honnêteté et non pour se protéger de l'intolérance
régnante, d'exercer la magie.
Pour lui, son but était religieux; seulement, insatisfait de puiser
le savoir dans les livres, il voulait, comme Énoch qui vit Dieu
face à face (et qui ne revint pas précise la légende), établir
un contact direct sans intermédiaire, avec le Créateur. Pour ce,
Dee utilisait un procédé magique assez classique qui trouvera
sa forme la plus dégénérée dans le spiritisme : l'opérateur fait
des prières et des invocations et un médium se concentre sur un
cristal entouré de symboles permettant en principe de garder un
contrôle sur la direction donnée au travail. John Dee expérimentait
dans ce domaine en compagnie de divers médiums avec plus ou moins
de succès jusqu'au jour où se présenta chez lui, à Mortlake, le
10 mars 1582, un certain Edward Kelly. Ils se mirent au travail
et immédiatement des résultats se produisirent : le jour même
l'archange Uriel commença ses révélations. La réussite eut de
graves conséquences depuis ce jour jusqu'à la mort prématurée
de Kelly, les deux hommes devront travailler sans relâche malgré
les difficultés croissantes et une relation orageuse, due au tempérament
du médium.
Edward Kelly s'appelait en fait Talbot. Ses démêlés avec la justice
lui valurent d'avoir les oreilles coupées, ce qui ne l'empêchât
point d'entendre les communications célestes... et il préféra
alors changer de nom. Waite, dans sa préface aux écrits de Kelly,
raconte comment ce dernier avait trouvé dans l'église de Saint
Dustan des textes alchimiques accompagnés de deux flacons de poudre,
l'une rouge et l'autre blanche, permettant la transmutation d'une
assez grosse quantité d'or. Il n'est pas impossible qu'il y ait
une certaine réalité dans cette histoire. D'ailleurs, l'emprisonnement
de Kelly à Prague par le souverain Rodolphe - il décédera au cours
de la chute qui conclut sa tentative d'évasion - est en relation
avec ses prétentions à la réalisation de l'Oeuvre, sans pouvoir
les étayer de preuves. Kelly semble être le type même du mystérieux
initié fascinateur, héros et scélérat que l'on retrouvera dans
les siècles qui suivront, au même titre que St Germain ou Cagliostro.
Dans l'association de ce vieux sage qu'était le docteur Dee et
de ce jeune mystificateur mais réel médium (techniquement parlant,
c'est peut-être l'un des plus grands à ce jour) qu'était Kelly,
il est remarquable que les nombreuses tensions n'aient pas été
plus nuisibles au travail entrepris. En fait de travail entrepris,
il faudrait plutôt parler de travail entreprenant car il ne semble
pas que les "êtres" du système énochien aient laissé de repos
à leurs interlocuteurs jusqu'à leur mise hors d'état de travailler
(la mort brutale pour Kelly, la déchéance politique et sociale
pour Dee).
Heureusement pour la postérité, Dee était un homme méthodique
et toutes les séances furent méticuleusement consignées : il ne
nous reste pas seulement les textes et figures du système mais
aussi la démarche des opérateurs, la succession des expériences
et les anecdotes de leurs vies. Les journaux magiques et intimes
de Dee disparurent à la mort de ce dernier, son fils Arthur passe
pour avoir oeuvré à l'Alchimie mais aucune trace ne nous permet
de penser qu'il ait continué le travail magique de son père. Or,
en 1662, le père de la maçonnerie anglaise, Elias Ashmole (1617-1692),
entre en possession des manuscrits miraculeusement conservés dans
le tiroir secret d'un coffre de cèdre, lequel survécut par chance
au grand incendie de Londres. Le propriétaire les échangea à Ashmole
contre des documents de l'Ordre de la Jarretière. Très curieux
de cet aspect de Dee alors inconnu (mis à part le livre du Dr
Rudd "A treatise on Angel Magic" et la publication, critique mais
d'importance majeure par Meric Casaubon en 1659, des journaux
des dernières années de travail s'intitulant "A true and faithfull
relation of what passed for many years between John Dee... and
some spirits" ), Ashmole étudia les textes et les recopia mais
il ne semble pas s'en être servi dans l'établissement des rites
maçonniques qu'il élaborait et dirigeait.
Après Ashmole, une tradition à sensibilité rosicrucienne se dessine
en Angleterre (Dee ayant vécu avant la période historiquement
connue de ce courant, on ne peut raisonnablement le qualifier
de participant à cette aventure quoique son travail, notamment
son livre "La Monade Hiéroglyphique" - Anvers, 1562 - ait certainement
inspiré les auteurs des trois manifestes R+C), elle comptera entre
autres Francis Barrett, Frédérick Hoackley et Kenneth Mc Kenzie.
Mais pas plus dans le "Magus" de Barrett (paru en 1801) que dans
les journaux magiques de Hoackley (lequel utilisait une technique
très proche de celle de Dee) ou même dans les écrits de Mc Kenzie
on ne trouve trace du système angélique ou du langage "énochien".
Il est donc possible que l'originalité et la complexité du matériel
- à moins que ce ne soit la violence des résultats - aient rebuté
ces praticiens.
Pour conclure cette partie, signalons l'excellente étude de l'épopée
de Dee et Kelly qu'a faite Gustav Meyrink dans son roman "L'Ange
à la fenêtre d'Occident". Meyrink semble avoir eu connaissance
des Journaux de Dee par l'intermédiaire de son correspondant londonien
William Wynn Westcott dont il est question dans la partie suivante.
L'étude de Meyrink semble avoir beaucoup influencé le principal
auteur sérieux sur la magie énochienne en France : Gérard Heym
(voir "Le système magique de John Dee" in La Tour Saint Jacques no 11 & 12 1957, ou dans le Cahier de l'Herne consacré à Meyrink
où cet article se trouve reproduit). Gérard Heym qui aurait été
pressenti pour succéder au collaborateur de Westcott : "McGregor"
Mathers, dans son temple Ahathoor no 4 à Paris.
II) La redécouverte et le travail de la Golden Dawn
En 1888, trois éminents maçons issus de la Societas Rosicruciana
In Anglia (S.R.I.A.) fondèrent, à partir d'inspiration spirituelle
d'une part et de faux documents d'autre part, un ordre qui, pour
avoir la lourdeur d'une société secrète traditionnelle, a le mérite
d'avoir établi un système pratique permettant l'étude de la magie
et, dans le meilleur des cas, une auto-initiation authentique
(non prévue dans le curriculum et donc gratuite...). Le symbolisme
servant de base aux rites de l'ordre est d'inspiration rosicrucienne
(j'entends par ceci les trois manifestes historiques : La Fama
Fraternitatis Chymique de 1616, la Confessio Fraternitatis de
1615, les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz de 1615, et
quelques textes très proches comme l'Amphithéâtre de l'Éternelle
Sagesse de Henri Kunrath de 1609, ou la Monade Hiéroglyphique
de Dee justement) avec également quelques influences de la Théosophie.
Ces trois maçons étaient :
- Le Dr Woodman - mourant en 1891, il laissa sa place vacante
dans la symbolique trinité hiérarchique.
- Le mage suprême de la S.R.I.A. W.W. Westcott (1848-1925).
- Le jeune praticien Samuel Mathers (1854-1918).
Mathers est responsable par son travail opératif de l'établissement
du matériel à partir de bribes de rituels venant peut-être de
McKenzie, l'élève impétueux de Hoackley et membre de la S.R.I.A.
lui aussi. L'ordre était divisé en deux : l'Ordre Hermétique de
l'Aube Dorée ("The Hermetic Order of the Golden Dawn") ou ordre
extérieur, et l'Ordre de la Rose Rouge et de la Croix d'Or ("Rosæ
Rubæ & Auræ Crucis"), l'ordre intérieur.
C'est pour cet ordre intérieur qu'un gros travail d'adaptation
fut réalisé à partir des manuscrits de Dee alors au British Museum.
Nous n'avons pas de preuves que ce travail existait avant son
introduction dans la G. D. et il semble que soit Mathers soit
Westcott en soient responsables. Waite, également membre de la
société, dans sa préface aux écrits alchimiques d'Edward Kelly,
nous dit que c'est Westcott qui se chargea du travail, les habitudes
et les techniques de Mathers pourraient faire penser qu'il en
était plus à même; mais peu importe, ce qui est remarquable c'est
l'incroyable "GoldenDawnisation" du matériel original. Le système
rénové a au moins le mérite de proposer une application possible
pour l'étudiant, des développements éventuels, et finalement de
permettre au chercheur une analyse plus éclairée des textes de
base. Le matériel original se compose des éléments suivants :
- La Sainte Table,
- Le Sigillum Dei Æmeth,
- Le Liber Logæth,
- Les 48 appels,
- La Table de l'Esprit Nalvage,
- L'Heptarchie Mystique,
- et le Liber Scientiæ Auxilii et Victoriæ Terrestris.
De cela, la G. D. n'a principalement retenu (d'après ce que nous
savons de l'ordre original) que les quatre tablettes du Liber
Logæth (cinq en fait), le Sigillum Dei Æmeth (qui fournit les
noms des quatre Rois élémentaires), la Sainte Table et les 48
clés ou Appels permettant les invocations. Il semble que les successeurs
de l'ordre original aient abordé d'autres aspects, c'est en tout
cas le sujet du livre de Pat Zalewski : "Golden Dawn Enochian
Magic" , mais Aleister Crowley était déjà passé par là...
Aleister Crowley (1875-1947) est un personnage complexe, mélange
de la pompe traditionaliste (dans l'emploi systématique de noms
initiatiques suivis des numéros des grades auxquels il se réfère,
par exemple) et de la fougue révolutionnaire d'un explorateur
soucieux de son authentique liberté. Il fut alpiniste, poète,
peintre, écrivain et surtout magicien. L'opinion qui en général
ne retient que ce qui peut faire scandale a été comblée avec la
Bête 666 : il mena une recherche systématique dans les domaines
de l'amour et du sexe, et ses investigations quant aux drogues,
très en vogue dans l'Angleterre d'alors, permirent de faire le
point sur leur emploi, les possibilités qu'elles offrent et leurs
dangers. Nous ne connaissons d'ailleurs aucun magicien membre
d'une quelconque branche survivante de la G. D. qui ne les ait
utilisées.
Crowley, après la lecture de "La Nuée sur le Sanctuaire" d'Eckharthausen,
était à la recherche de cette société secrète d'initiés connaissant
les anciens mystères & co que décrit le petit livre. Cette société
se matérialisera pour lui en 1898 sous les traits de la G. D.
Élève très doué, on lui accorde rapidement les grades élémentaires
de l'ordre extérieur et Allan Bennett, alors une légende vivante,
se charge de son entraînement magique. Lorsqu'en 1900 éclate un
schisme entre Mathers - alors parisien - et le reste du groupe
à Londres, Crowley prend le parti de Mathers, vient à Paris et
reçoit le grade d'introduction dans l'ordre intérieur. Allan Bennett
malade quitte Londres pour Ceylan grâce à l'aide de son disciple
et lui laisse son matériel G.D..
Crowley commence à acquérir de l'indépendance et en 1904, au cours
d'une invocation, il reçoit un texte extraordinaire nommé Liber
Al vel Legis, ou Livre de la Loi. Aleister, devenu prophète du
nouvel Éon, dit d'Horus, décide de voler de ses propres ailes,
de ne plus compter que sur ses propres expériences et contacts
intimes, et rompt avec Mathers. En 1909, assisté d'un de ses disciples,
Crowley entreprend un important travail sur le système énochien
: il tente un "voyage dans l'esprit" (un "skrying" comme on dit
en anglais) dirigé vers chacune des trente régions des cieux énochiens.
Il avait, plusieurs années auparavant au Mexique, déjà tenté cette
expérience mais avait assez vite échoué. Dans le Sahara en 1909,
ce fut une nouvelle compréhension de l'emploi de la sexualité
dans la magie qui lui permit d'aboutir. Cette expérience est relatée
dans son Liber 418 : "The Vision and the Voice" (La Vision et
la Voix).
Dans les années 1910, il fit paraître sa revue maintenant légendaire
"The Equinox" dans laquelle il publiera une part importante du
matériel G. D.. Ainsi y trouve-t-on un texte intitulé "A brief
representation of the universe derived by Dr John Dee through
the skrying of sir Edward Kelly" (une brève représentation de
l'univers provenant du Dr Dee à travers la vision - dans l'esprit
- de sir Edward Kelly), parts I & II, révélant ainsi pour la première
fois la conception que cette société avait du système énochien.
Crowley, qui maîtrisait les langues avec une remarquable aisance,
traduisit en énochien les textes d'invocations et de renvois des
esprits du grimoire qu'il avait restauré : la Goëtie (la première
des cinq parties du Lémégetton) et fit une traduction/interprétation
analytique du langage barbare d'un exorcisme gréco-égyptien dans
son Liber Samekh. Son affinité avec le personnage d'Edward Kelly
lui fit dire qu'il en était la réincarnation, ce qui pourrait
se justifier par leur similitude à certains égards.
L'étudiant moderne doit à Aleister Crowley son pragmatisme, son
indépendance et sa liberté, ce qui explique qu'aujourd'hui il
soit en mesure d'explorer sa psyché en créant un nouveau système
magique, une nouvelle loi, un nouveau langage.
III) La fascination actuelle
De cette indépendance qu'ont les chercheurs post-crowléyens et
de l'influence majeure qu'a le problème du langage magique et
du système énochiens est née une sorte de fascination à l'égard
de cette branche de la théurgie.
En fait, dans cet intérêt, il faut compter avec la réaction, peut-être
quelque peu juvénile, contre ce qui est considéré comme vieux,
dépassé, bref, ce qui est passé de mode.
Plusieurs systèmes liés à ce courant ont vu le jour, citons le
culte du Zos-Kia du peintre ex-disciple de Crowley, Austin Osman
Spare (1886-1956) et toute la Chaos Magick (le k final caractérise
l'influence de la Bête qui innova cette orthographe avec son maître-livre
: "Magick"), sans parler bien sûr de l'inénarrable Nécronomicon,
pseudo-grimoire imaginé à partir des romans de Lovecraft et que
certains n'hésitent pas à attribuer à John Dee lui-même! (Voir
l'introduction du Nécronomicon aux éditions Belfond).
Mais revenons à la magie énochienne proprement dite. Les successeurs
de la G. D. réorganisent aujourd'hui son système et Schueler dans
son "Enochian Magic" donne le matériel et les rituels "step by
step" ("pas à pas"). Les américains (et nous aussi) aiment pratiquer
si c'est simple et impressionnant... L'investigation par la magie
énochienne donne généralement des résultats, on ne peut pas vraiment
dire qu'ils soient contrôlables puisqu'ils ne correspondent à
aucun standard d'expériences qu'auraient déjà vécues les initiateurs
de cette pratique.
En cela, le but le plus honorable (s'il peut être question d'honneur)
est la réussite de l'expérience dite de la "Connaissance et Conversation
du Saint Ange Gardien", soit le contact avec son vrai vouloir,
dénué d'intention, autrement dit son coeur. Mais elle s'applique
aussi à régler les différents problèmes de la vie. Après tout,
une magie n'est blanche ou noire que d'après l'emploi qui en est
fait... Disons que l'on est quand même loin du religieux John
Dee. En fait non, car si les buts et méthodes conscients de Dee
étaient fort éloignés de ceux de nos contemporains, est-ce que
finalement les aventures et mésaventures de sa vie, le problème
de sa relation avec Kelly culminant évidemment dans l'échange
rituellement ordonné qu'ils firent de leurs femmes, ne seraient
pas des indications que cette pratique commençait à faire fermenter
les éléments de leurs consciences afin de faire apparaître une
quintessence non-conformiste? Aujourd'hui on ne peut plus répondre,
manquant des points de repères d'une moralité conventionnelle
n'existant plus dans le coeur du magicien moderne.
Mais que reste-t-il? Sur quoi nous fonder si notre pratique ne
nous a pas encore permis un contact non ambigu avec notre coeur,
si notre formation magique nous laisse errer dans l'imaginaire
que nous avons façonné? Car si la mystique que nous possédons
généralement vient de l'histoire qui nous a fait ce que nous sommes
: Vikings, Sémites, Celtes, etc... la magie énochienne, d'où vient-elle?
Certes, il y a des influences de la Qabalah (le Sigillum Dei Aemeth,
les communications d'Uriel, Michaël...) mais ce n'est pas là l'originalité
et la force du système. Certains praticiens de la magie énochienne
ont dit qu'elle était une Qabale (quand j'entends une qabale, j'ai tendance à écrire cabale, comme au théâtre) qui
mettait en action le monde d'Atziluth, le plus haut des quatre
de la Qabal classique. Il est assez difficile de le vérifier...
Quoi qu'il en soit, l'énochien, cette langue avec sa grammaire
et sa syntaxe, ce système magique et sa Théogonie originale, reste
un mystère qu'il ne convient pas de prendre pour une simple variante
de tel ou tel système traditionnel déjà connu. Il est donc utile,
en l'abordant, de maîtriser les éléments fondamentaux qui servent
à son emploi sans pour autant s'inféoder aux rituels des pentagrammes
et hexagrammes, à leurs signes, aux notions de Qabal de la G.
D., etc...
Ceci permettra de distinguer dans l'énochien ce qui est original
de ce qui est emprunt, et ce que l'on peut penser de tel ou tel
développement contemporain. Une culture qui donnera quelques points
de repères dans notre société de consommation où la pratique de
la magie a beaucoup en commun avec les jeux vidéo ou la séance
quotidienne de télévision.