TITRE : LA VOIE HUMIDE ou Dissertation sur le Menstrue végétal
de Saturne
Extrait de : LES ÉCRITS ALCHIMIQUES D'EDWARD KELLY
Auteur : Edward Kelly
Traduction : Phillipe Pissier
Copyright: © Editions Ramuel, 1995
ISBN 2-910401-21-9
"Cette édition est la traduction française des " Alchemical Writings
of Edward Kelly ", publiés en 1893 à Londres par James Elliott
& Co. Le texte était traduit d'une édition parue à Hamburg en
1676, et avait été augmenté d'une préface biographique due à A.E.Waite."
LA VOIE HUMIDE
ou
DISSERTATION SUR LE MENSTRUE
VÉGÉTAL DE SATURNE
PAR EDWARD KELLY
(d'après un manuscrit)
LA VOIE HUMIDE
Platon a défini à bon droit les philosophes comme des hommes contemplant
avec émerveillement les oeuvres fantastiques de la Nature dans
toutes les parties de l'univers créé; ceux étudiant le volume,
les propriétés, les mouvements, les trajectoires, et les révolutions
des cieux et de leurs mondes embrasés, leur ascension et déclin,
leur priorité et postériorité d'apparition, vitesse de progression,
irrégularités de conduite, haltes, vélocité, ainsi que les germes
et principes, dimensions et tendances de tous les corps sublunaires.
En raison de leur soif et désir constants de la connaissance,
ils sont non seulement poussés à appréhender intellectuellement
les mystères et grands arcanes de la Nature, mais aussi à les
imiter et même à en tirer parti, comme il ressort très clairement
de tant d'écrits hiéroglyphiques, de mystères magiques et mathématiques,
et de tous les autres témoignages de la philosophie antique. Bien
plus, il semble absurde que des hommes grandement célèbres dans
le domaine des lettres se retirent de la vie publique, après avoir
occupé les plus hauts postes de l'État, pour une rêverie enfantine,
négligent la splendeur de la renommée mondaine et l'espoir des
richesses - une décision qu'ils n'auraient certes jamais prise
s'ils avaient réellement considéré cet Art comme diamétralement
opposé aux lois de la Nature. Tous ces hommes crurent fermement
à la possibilité de jouir durant de nombreuses années d'un esprit
sain dans un corps sain, et ils estimèrent que ce résultat désirable
n'était accessible que par la découverte de la substance centrale
en laquelle se rencontrent toutes les forces et vertus de la Nature,
suivant la route royale et la méthode philosophique. Ils savaient,
en effet, que l'esprit est la plus céleste, divine, pure, subtile,
immortelle, omnisciente partie de l'homme, étant susceptible de
recevoir Dieu. Mais ils savaient également que le corps, son atelier
défraîchi de frêle argile, assombrit ses mouvements, affaiblit
ses pouvoirs, et l'empêche de s'épanouir d'une manière qui soit
digne de lui. Ils savaient qu'il fallait trouver moyen d'amoindrir
toute superfluité, de mûrir toutes imperfections, de fortifier
toutes choses faibles, d'affermir toutes choses solides, de sorte
que toute la structure puisse jouir d'une perfection continuelle
et indubitable. Mais pour y parvenir, ils savaient qu'ils devaient
posséder une connaissance détaillée et minutieuse des éléments
du corps humain et de l'univers en général. Avant de pouvoir découvrir
la cause de la perfection, ils devaient d'abord étudier la nature
des éléments. Les Sages s'aperçurent que le moyen d'atteindre
leur but était une solide connaissance des arts et sciences physiques.
Après avoir conçu dans leur esprit une idée Divine des relations
de l'univers dans son ensemble, ils sélectionnèrent parmi le restant
une certaine substance, de laquelle ils cherchèrent à découvrir
les éléments, à les désunir et les purifier, pour enfin les réunir
à nouveau d'une manière suggérée par une profonde et pénétrante
observation de la Nature. Ils obtinrent de la sorte un corps dénué
de toutes imperfections et impuretés, lequel, décelé par leur
action prudente et une juste déférence envers les temps et les
saisons, apporte non seulement santé à leur nature physique mais
aussi très grands plaisirs et instruction à leur esprit. Ces faits
furent révélés pour la première fois par Hermès Trismégiste en
sa fameuse Table d'Émeraude, et la vérité de cette assertion est
confirmée par le témoignage unanime de l'antiquité, et le consensus
de tout ce qu'à toutes les époques on a compté comme hommes des
plus célèbres. Que l'aspiration de notre art ne soit point rêve
Utopique est prouvé par les innombrables et stupéfiantes métamorphoses
que partout la Nature exhibe quotidiennement. Les Sages ont, en
vérité, volontairement dissimulé leur pensée sous un voile d'obscures
paroles, mais leurs écrits sont suffisamment clairs pour qu'il
en ressorte que la substance dont ils parlent n'est pas d'un genre
spécial, mais général, et qu'elle est donc contenue dans les animaux,
les végétaux, et les minéraux. Il serait toutefois peu sage d'emprunter
une route détournée alors qu'il y a plus court chemin; et ils
disent que cette substance ne pouvant être trouvée dans les royaumes
animal et végétal qu'avec grandes difficultés, et au prix d'un
immense labeur, mieux vaut se tourner vers les entrailles de la
terre où elle réside à portée de nos mains. Il s'agit de la matière
que les Sages ont convenu de nommer Mercure ou Vif-argent. Notre
Vif-argent est de fait réellement substance vivante, ainsi dite
non parce qu'elle est extraite du cinabre mais parce qu'elle est
tirée des métaux eux-mêmes. Si le Mercure commun est débarrassé
par la fixation de ses superfluités grossières, volatiles, et
aqueuses, il peut, à l'aide de notre Art, acquérir la pureté et
la vertu de cette substance dont nous parlons. Et comme ce Mercure
est la base métallique et la substance première, on peut le trouver
dans tout métal quel qu'il soit. D'autres hommes avisés, érudits
et sagaces, qui en examinant les écrits des Sages ne prêtèrent
point attention à ce fait, gaspillèrent à la fois leur temps et
leurs efforts. Rien ne contribue plus à une rapide compréhension
de notre secret que connaître notre substance première, puis l'espèce
distinctive de minéral constituant le sujet d'investigation du
Philosophe. Vous devez savoir que la terre est la mère des éléments,
et que leurs dispositions et mélange proportionné sont ce qui
constitue la différence entre un genre et un autre. Deux de ces
éléments, à savoir le feu et l'eau, sont actifs, et deux autres,
terre et air, sont passifs. Le feu et l'eau s'efforcent de s'unir
à la terre mais n'y peuvent parvenir qu'au moyen des qualités
qu'ils ont en commun avec elle, i.e., la sécheresse dans le cas du feu et la froideur dans le cas
de l'eau. Ainsi feu et eau s'introduisent-ils dans la terre au
moyen de leurs sécheresse et froideur, et dans l'air au moyen
de leurs chaleur et humidité. Or, selon que la terre est plus
ou moins sèche ou froide, son centre sera occupé ou par le feu
ou par l'eau, tandis que l'autre élément actif sera confiné à
sa périphérie. Dans le premier cas, la chaleur ou sécheresse infuse
du feu étant invisible et intangible, et résidant pour ainsi dire
au coeur de la terre, elle échappera à l'observation, mais l'humidité
de l'eau, étant plus tangible et plus proche de la surface, sera
plus aisément remarquée. La surface de ce composé sera donc aqueuse,
froide et sèche; et telle est la substance communément appelée
vif-argent. Mais l'on doit garder à l'esprit que nous n'avons
pas tenu compte de l'air qui entoure et, pour ainsi dire, adhère
à la terre en laquelle feu et eau se battent pour la domination.
Si le feu conquiert l'eau, il étendra son action à l'air avec
lequel il a en commun la chaleur, et la force exubérante de leurs
chaleurs réunies asservira l'humidité de l'air, et lui imprimera
une nouvelle forme de sécheresse excessive. La prépondérance du
feu fera que la couleur de cet élément teintera la substance toute
entière, et nous obtiendrons de la sorte ce qui est communément
appelé soufre. Mais si l'eau (dans la terre) soumet le feu, elle
s'insinuera dans l'air par le biais de son humidité, et asservira
la chaleur de l'air; ceci dit, comme c'est une propriété du froid
que de congeler, et que ce froid a été accru par celui de la terre,
il en résultera une substance d'une blancheur de glace que l'on
nomme sel. Ces trois (Mercure, Soufre, Sel) sont inévitablement
les substances premières de tous les minéraux, et tout minéral
doit être engendré de l'un d'entre eux, ou de deux, ou d'eux tous.
Mais les minéraux ne se composent pas de sel, soufre et mercure,
comme s'il s'agissait de parties introduisant la forme, ainsi
que l'ont vainement supposé certains érudits. Car, dans ce cas,
de tels minéraux recevraient nécessairement l'une ou plus de ces
formes de manière successive avant de pouvoir en revêtir une autre.
Elles tirent plutôt leur être d'un ou plus de ces principes, dans
diverses proportions, comme en outre de leur véritable source
propre. Car, de même que les chiffres 2, 3, et 4, constituent
le fondement (des autres nombres), bien que se composant eux-mêmes
en partie d'unités et en partie les uns des autres, comme par
exemple 12 contenant 3 fois 4, 4 fois 3, 6 fois 2, et 12 fois
1, eux tous étant néanmoins dissimulés dans sa dénomination propre
- ainsi le Mercure, le Soufre et le Sel existent quelquefois isolément,
quelquefois en couple, et quelquefois tous ensemble, dans les
corps minéraux. Et de même que 3, le quart de 12, se compose de
3 unités, ou de 2 plus 1 unité, alors qu'il est inclus dans le
4 qui le dépasse d'l unité, ainsi certains minéraux tirant leur
force motrice d'une simple union de feu, d'eau et de terre (laquelle
union constitue le Mercure comme nous l'avons déjà dit) ne possèdent
aucune affinité avec le Soufre ou le Sel, dont la perfection provient
de l'ajout de l'air, le quatrième élément. Ici, la question se
pose évidemment de savoir si le Mercure contient le Soufre, et
je prétends qu'au sens vulgaire de ce mot - à savoir dans le sens
de soufre combustible - ce n'est point le cas. Mais comment devons-nous
alors comprendre les dits des anciens Sages, d'après lesquels
tout métal contient son propre soufre, ou terre naturellement
fixée, qui est la cause de toute fixation, composant et élément
fondamental du Mercure? La Nature n'a produit que deux éléments
visibles, l'un actif, l'autre passif, la terre et l'eau, dans
lesquels les autres, le feu et l'air, qui sont naturellement invisibles
et intangibles, ont leur demeure et habitation. Nous ne pouvons
connaître que ces éléments extérieurs et visibles; les liens des
autres éléments ne peuvent être desserrés, et leur présence établie,
que grâce aux ingénieuses machinations de l'art. En conséquence
le feu peut être contenu dans une substance, même si on ne le
voit pas - et, pour notre recherche, si le vif-argent ne recèle
aucun soufre combustible, mais seulement une certaine terre fixée,
grâce à laquelle le Mercure reçoit la vie, je suis tout à fait
disposé à nommer soufre cette terre fixée. Car si tous les éléments
possèdent une substance commune, et ne sont que des formes, hors
desquelles, par mélange et action mutuelle, d'autres formes sont
engendrées, assurément le feu, superficiellement limité par l'eau
(ce qui était censé être le cas pour le Mercure), émettra des
rayons depuis le centre, et pénétrera toute la substance de sa
nature sulfureuse. Cette animation, ou vivification, du Mercure
n'est rien d'autre qu'une purification de toutes ses parties par
le feu, le résultat en étant la formation du soufre. L'exactitude
de cette explication est démontrée par l'introduction de chaleur
artificielle dans le Mercure commun; car alors le feu central
infus, étant tiré vers la périphérie, change en quelques semaines
cette crudité mercurielle en soufre d'un rouge étincelant. Car
tous les éléments sont les bases de certaines couleurs, la noirceur
et la blancheur étant respectivement associées à la terre et à
l'eau, tandis que les autres sont nommées couleurs intermédiaires.
Lorsque la terre possède en perfection toutes ses qualités de
froideur, sécheresse, solidité, poids, fermeté, stabilité, et
obscurité, il s'ensuit alors une couleur spécifiquement représentée
par toutes les nuances entre le noir et le fauve. Après la terre
vient l'eau, de nature froide comme la première mais également
humide, pleine de lignes fluxionnelles et figures, et nourrice
de la complexion. La couleur principale de l'eau est la blancheur,
son espèce toutes les teintes entre le blanc et le gris. L'air
est plus passif et sujet aux incursions du feu et de l'eau; il
est raréfié et amoindri, n'a pas de couleur propre, mais est teint
par les rayons de chaleur; sa blancheur est souvent plus intense
que celle de l'eau, et au cours de la journée elle reflète toutes
les teintes entre le lilas et une sorte de jaune. Le feu, étant
chaud et sec, pur, simple, subtil, rare, fin, et brillant, représente
toutes les couleurs rougeâtres comprises dans les limites entre
le jaune et le rouge foncé du sang deux fois digéré. Ces couleurs
ont été employées par les Sages comme une sorte de repère pour
les guider à travers la Nature, et spécialement dans la recherche
de la Médecine secrète. Dans la préparation de cet Arcane, nous
devons non seulement étudier les dispositions des corps, leurs
proportions, qualités, et mouvements, mais aussi leurs principes
constitutifs fondamentaux, comme le Sel, le Soufre, et le Vif-argent,
comme aussi toutes les autres parties du minerai; et il ne suffit
point de savoir que le Mercure est un principe contenu dans tous
les animaux, végétaux, et minéraux; vous devez également savoir
ce qu'il est, comment est-il composé, sa longueur, sa largeur
et sa profondeur, et quels effets il produit lorsqu'il est uni
à d'autres corps. En toutes ces recherches, la connaissance des
couleurs est très importante. Jamais les Sages ne se lassèrent
d'inculquer la vérité d'après laquelle on trouve ce vif-argent
dans les animaux et les végétaux; et il serait peu sage de contredire
leur assertion. Car si animaux, végétaux et minéraux recèlent
en eux eau et terre, qui renferment les autres éléments, il est
clair qu'en toutes choses se trouvent les mêmes principes. Donc,
partout où il y a eau et terre, toute forme est potentiellement
présente, et nous pouvons chercher le Mercure, le Soufre, et le
Sel. Car, de même que le chiffre un est dans tous les nombres,
ainsi en est-il des principes constitutifs de la matière; toute
substance composée, en plus de sa forme propre, recèle toutes
les conditions et causes de cette forme. Ce principe de mélange
est en vérité hautement développé dans le cas des minéraux, et
très peu dans le cas des végétaux. Or, les animaux et les végétaux
sont des organisations supérieures aux minéraux, et contiennent
tout ce qui se trouve dans les minéraux. Et donc, le Sel, le Soufre
et le Mercure sont contenus dans les animaux, les végétaux, et
les minéraux. Dans les cendres animales, ou terre animale (qui
est un produit du monde végétal), nous trouvons ces trois principes.
Car si nous versons de l'eau dessus, nous extrayons le sel ; si
nous les séchons, et les soumettons à l'action d'un feu ardent,
il s'ensuit une fonte en une substance vitreuse, de laquelle les
Sages peuvent extraire le Mercure; et si dans ce Mercure les rayons
du feu central sont attirés vers la périphérie, il est vivifié,
et pénétré de la forme du soufre. En outre, divisons par notre
art le sel en ses parties, eau et terre; et faisons de même avec
le Soufre et le Mercure. Nous n'avons qu'eau et terre; mais eau
et terre contiennent air et feu, et ainsi nous avons les mêmes
éléments dans chacun des cas. Le Sel, le Soufre, et le Mercure
diffèrent en effet de par leur apparence extérieure, suivant les
diverses proportions de leur mélange, mais ils se composent des
mêmes éléments qui sont les principes premiers de toute création.
Il s'agit du sperme universel d'Anaxagoras, qui affirme que toutes
choses possèdent la même substance première; ce n'est qu'en raison
d'un malentendu qu'Aristote attaqua son système.
Nous constatons donc que la matière de notre Pierre, Mercure,
est un objet largement répandu, et bien qu'on le trouve plus facilement
dans certains minéraux, il peut être découvert partout. C'est
en ce sens que Morien, ce Sage illustre, répondit comme suit à
la question que posa le Roi Kalid au sujet de la Pierre : "Elle
est de toi, ô Roi, et tu es sa minière." Et Raymond soutint qu'il
avait tiré sa substance d'une chose vile et dénuée de valeur.
Vous ne devez cependant pas supposer que je m'en vais prendre
n'importe quel genre de Mercure pour cette fin sans exercer une
quelconque discrimination; mais plutôt, tel un sage charpentier,
je laisserai le bois vert et inopportun, et sélectionnerai pour
ma construction uniquement celui qui est sec et adéquat. Le Mercure
commun, et le Mercure animal ainsi que le végétal, peuvent être
employés à notre fin, mais le travail consistant à les préparer
et digérer serait vraiment considérable. Et même si vous pouviez
y parvenir aisément, ce serait relativement inutile. Car vous
ne sauriez être assuré d'une flamme là où ne sont que quelques
faibles étincelles; et seul un Mercure vigoureux et exubérant
est réellement adapté à notre dessein - épithètes qui ne sont
en aucun cas attribuables au faible Mercure des végétaux et animaux.
Nous devons donc prendre en considération le fait que le Mercure
doive être fixé au moyen du soufre qui lui est inhérent, subissant
l'action d'une chaleur externe. Cette chaleur provient des corps
célestes, et la forme sera différente selon la description du
corps céleste grâce auquel le Mercure est mis en mouvement. Les
corps reçoivent leur apparence, linéaments, et trempe de l'eau,
leur fixation de la sécheresse de la terre, et ils sont plus ou
moins mûris selon la vélocité ou la lenteur du feu interne. Si
Saturne régit ce mouvement, et il y a alors une surface aqueuse,
nous aurons du plomb; si Jupiter est seigneur de ce mouvement,
de l'étain sera produit; là où Mars prédomine, ce sera du fer.
De même, le Soleil est la cause de l'or, Vénus celle du cuivre,
la Lune celle de l'argent. Le Vif-argent est produit par Mercure,
qui est plus ou moins bon ou mauvais selon le caractère achevé
du mouvement. C'est donc ainsi que nous devons penser aux métaux
si nous souhaitons profondément pénétrer leur nature. En cet Art,
notre objectif est de changer les métaux en or et argent; mais
comme l'or et l'argent sont malléables, et possèdent qualités
et couleurs qui leur sont propres, les semences de toutes ces
choses doivent être dans la substance, car sinon elles ne peuvent
jamais être portées à maturité. En conséquence, nous pouvons exclure
de notre recherche non seulement animaux et végétaux, mais également
le Mercure commun, la marcassite, et tous les minéraux inférieurs.
Car aucun de ceux-là ne recèle un Mercure convenant à notre dessein,
étant donné qu'il nous faut un Mercure auquel soit inhérent son
propre principe de fixation et d'animation. Il est vrai que les
corps célestes sont les causes efficientes de toutes choses, et
donc aussi de la marcassite, etc; néanmoins, les marcassites,
pyrites, et minéraux semblables, diffèrent grandement des substances
métalliques dans la disposition de ces principes. Car ils sont
vivifiés par simple Mercure, et l'influence directe de quelque
corps céleste. Mais les autres minéraux, bien qu'eux aussi soient
mis en mouvement par simple Mercure, reçoivent l'influence d'un
ou deux, ou plus, luminaires célestes de divers caractères et
complexions, par la confusion desquels ces corps sont affectés
de manières contradictoires, et considérés comme imparfaits pour
notre magistère. Mais la question peut se poser, au sujet des
métaux inférieurs, de comment ils peuvent contenir le principe
de l'or et de l'argent, alors qu'aux yeux du vulgaire ils ne semblent
rien avoir de commun avec ces métaux, et encore moins avec l'or.
Nous répondrons que le terme de notre Art nécessite deux choses,
terre fixée et eau minérale, qui existent dans tous les métaux,
mais pas de la même manière, dans certains effectivement, et dans
d'autres au moins potentiellement, mais réellement et essentiellement
en tous. Il est vrai, en effet, que tout dépend de l'influence
des corps célestes. Mais aucune substance n'est prédestinée à
subir l'influence de tel ou tel corps céleste, et si un métal
qui avait été sous l'influence de Mars tombait sous celle du Soleil,
il exhiberait graduellement des modifications correspondantes.
Si la force motrice est double, doubles conséquences seront relevables
dans le sujet métallique. Saturne est, à l'égard du Verseau, froid
et sec; à l'égard du Capricorne, chaud et sec; chaleur et froideur
se disputeront la victoire, et la chaleur occupera le centre.
De même, le Sagittaire est proche de Mars, le Bélier proche de
Jupiter, le Taureau proche de Vénus, la Vierge proche de Mercure,
lesquels concordent tous en chaleur, et sont donc semblables dedans
les métaux qui leur sont assujettis. Quelle que soit leur différence
pour ce qui est de la hauteur et de la profondeur, ils concorderont
pour ce qui est de la largeur. Car Saturne est chaud à l'intérieur,
froid à l'extérieur, cependant que la sécheresse est contiguë
aux deux états. Cela se passe de semblable façon pour Mercure
et Vénus. Les extrêmes de Jupiter sont liés par l'humidité; même
chose pour Mars. Ainsi les trois premiers métaux inférieurs appartiennent-ils
à la même latitude terrestre, et les deux derniers à la même latitude
aquatique. La surface de Saturne est occupée par le Verseau, celle
de Jupiter par les Poissons, celle de Mars par le Scorpion, celle
de Vénus par la Balance, celle de Mercure par les Gémeaux, qui
sont réputés signes froids; et donc les corps en question concordent
en longitude comme en latitude. En outre, de même que les corps
chauds sont diversement digérés selon qu'ils sont secs ou humides,
les corps froids sont différemment affectés dans leur passivité,
et c'est la raison pour laquelle des corps métalliques de latitudes
communes diffèrent autant dans leurs formes. Vénus et Jupiter
sont dans la même longitude de froideur, mais entre leurs éléments
passifs il y a la différence d'un hémisphère tout entier, puisque
la froideur de Jupiter est accompagnée d'humidité, tandis que
celle de Vénus coexiste avec la sécheresse, la forme de l'un dépendant
de l'eau, celle de l'autre de la terre. Ainsi Vénus et Saturne
concordent en longitude, latitude et profondeur, mais diffèrent
en forme, car la latitude de Vénus est dominée par le feu, celle
de Saturne par la terre. De la même manière, l'or et l'argent
reçoivent leurs formes de leurs propres forces motrices; le premier
est engendré d'un seul parent, le Soleil, chérissant le Lion à
l'intérieur comme à l'extérieur, chaud et humide, froid et sec,
partout tempéré d'égale manière. Car, possédant fixation à l'intérieur,
il recèle en chacun de ses atomes la force mûrissante du feu,
et pareille maturité est vie parfaite. En outre, cette maturité
est le résultat d'une longue évolution, car aucun or n'est soudainement
engendré dedans sa minière, mais à partir de sa propre semence
et premier principe, que nous nommons feu, agissant sur le Mercure
en chacune de ses parties. Je dirai maintenant que cette semence,
ce principe, ce feu élémentaire, cette première substance, existe
dans tous les métaux inférieurs, bien qu'à différents niveaux
de développement. De là que tous ces métaux inférieurs soient,
dans leur être intérieur, potentiellement or, et possèdent virtuellement
la vie métallique; et il n'y a aucune différence entre l'or et
ces métaux inférieurs, si ce n'est le degré de maturité. L'eau
minérale et la terre peuvent donc par digestion adéquate être
hissées jusqu'à la perfection et excellence de l'or, si les rayons
célestes, qui sont contributifs à la maturation de ce métal, peuvent
être amenés à dessus exercer leur influence. A ce sujet, divers
Sages ont écrit de façon si différente qu'il n'est guère aisé
de concilier leurs témoignages. Ce que l'un prétend bon et opportun
est résolument réprouvé par l'autre, au point que toute personne
s'efforçant d'acquérir des connaissances dans cet Art en lisant
et comparant les textes doit se trouver totalement déconcertée.
En conséquence, il en est très peu qui furent jamais réellement
et tout à fait détenteurs de ce secret; car toute personne connaissant
la matière et instruite du processus mécanique inhérent à sa méthode
de préparation ne mérite pas pour autant le nom de Sage. Car il
peut ne rien savoir de la théorie de la physique, ou de la raison
d'être de notre Art, ou des raisons pour lesquelles la nature
de l'or est communiquée à d'autres métaux. Mais, comme a dit le
poète,
Béni soit celui qui connaît les divinités champêtres,
Et Pan, et le vieux Sylvanus, et les soeurs nymphes.
Les hommes ne possédant qu'une connaissance pratique de l'Alchimie
savent comment faire de l'or, mais ne sont pas des Sages pour
autant. Ils s'accrochent désespérément à la méthode spécifique
qui leur fut enseignée, et dénoncent tout le reste comme erroné
et non scientifique, puisqu'ils ne savent pas l'universalité de
la substance, non plus que les différentes manières de la manipuler.
Ils prennent leur petite branche pour tout l'arbre de la Philosophie,
et de la sorte assombrissent tout le jardin des Hespérides des
fumées de leur ignorance. Il est une autre catégorie d'hommes,
que j'appelle rationalistes, ou dogmatiseurs, qui ont ramené la
science universelle à des lois, et ont imposé des conventions
touchant au poids, à la quantité, au temps, etc, comme étant d'application
générale, bien qu'elles ne soient applicables qu'à des cas particuliers.
La troisième catégorie est celle des Méthodistes, qui basent le
principe de leur enseignement sur ce qui pour d'autres représente
le terme du Magistère. Ils diffèrent des Rationalistes en ce qu'ils
voilent par des mots simples et de tous les jours les plus importants
mystères de notre Pierre. Ils disent qu'argent et or sont du Mercure
vivifié, et qu'ils se composent d'eau et de terre (incluant les
autres éléments), et n'ont parlé que du Mercure sans aucune restriction
précise. Ils disent également qu'à partir des susdits corps la
même chose peut être préparée, c'est-à-dire une Pierre produisant
des effets totalement identiques. Saturne, par exemple, qui se
compose d'eau et de terre, peut être considéré comme le minerai
de la substance : l'eau peut être changée en terre, et ainsi en
notre poudre rouge, fixée, qui, après fermentation, devient notre
Pierre. Les anciens Sages ont qualifié cette méthode de Voie Royale.
Une autre méthode, plus subtile, est celle au moyen de laquelle
Saturne est dissous par l'eau, ou le menstrue végétal, dans les
quatre éléments, qui sont alors purifiés, réunis, et qui, par
calcination et fermentation, deviennent la Pierre. La troisième
voie consiste à changer Saturne en notre eau minérale, ou à réunir
le vif-argent de Saturne à celui de l'or, et le laisser recevoir
la couleur ou teinture de l'or. Les méthodes seront différentes
si l'on traite avec du Mercure obtenu à partir de Mars, Jupiter
et Vénus. A partir de l'or, on peut l'obtenir d'au moins vingt-sept
manières différentes, que les anciens Sages nommaient manoirs
de la Lune. Car, de même que la Lune traverse tous les signes
en vingt-sept jours, ou trente au plus, ainsi l'eau minérale des
Sages, placée dans ces vingt-sept situations, parcourt l'intégralité
du firmament métallique, et s'approprie les qualités de tous les
métaux inférieurs. Celui qui veut accomplir ce Magistère avec
succès devra connaître les formes de tous les métaux, et les influences
célestes par lesquelles toutes choses terrestres sont engendrées,
mues et disposées. Il devra aussi comprendre l'harmonie et les
rapports mutuels des éléments actifs et passifs, et comment les
apprécier d'après les phénomènes extérieurs; de plus, il devra
savoir comment unir les extrêmes par le biais de leurs communes
qualités. Car de même qu'aucun bâtiment ne peut être parfait s'il
n'est tout d'abord parfaitement achevé en l'esprit de l'architecte,
ainsi ne peux-tu savoir comment agir avec ces métaux inférieurs
à moins de connaître précisément les conditions de l'oeuvre. Comment,
par exemple, peut-on dire qu'il en sait plus sur l'argent qu'un
simple rustre qui ignore l'influence de la Lune décidant de sa
forme, la sphère de sa révolution, quelle est sa vitesse, les
causes de ses nombreuses irrégularités apparentes, de sa position
changeante par rapport au Soleil et à la Terre, de ses éclipses,
et ainsi de suite? Car toute différence dans les cieux doit produire
une modification correspondante sur terre. Les étoiles errantes,
lorsqu'elles se déplacent quelquefois en avant, puis en arrière,
puis s'immobilisent, ne produisent-elles pas un effet correspondant
sur terre? Nous devons aussi compter avec les mouvements des planètes,
leurs positions relatives et changeantes, leurs déviations, quelquefois
vers le sud, puis à nouveau vers le nord ; rien de tout cela ne
saurait être sans suite ici-bas. Car tout mouvement céleste est
la cause d'un effet terrestre. Le Sage sera aussi grandement secouru
par une connaissance des occultations et réapparitions des planètes,
et des causes certaines et irréfragables d'icelles. Car, par ce
moyen, les yeux de l'esprit sont ouverts, et nous scrutons profondément
les mystères de la Nature, les causes de la dissolution et de
la composition, de la chaleur et du froid; est dissipé le nuage
de mystère où se meuvent tous les corps sublunaires, où ils empruntent
telle ou telle forme. Sans une profonde pénétration de ces choses,
vous ne sauriez avoir aucune réelle connaissance de notre Art;
et, d'ailleurs, pareille connaissance est la mère de tout art
pratique. Muni de cette information, il ne saurait y avoir aucune
difficulté à retracer toutes les étapes séparant la découverte
de la matière de l'achèvement de la Pierre; car ces étapes ne
sont pas d'arbitraires suggestions du hasard, mais l'évolution
naturelle et nécessaire du genre inhérent à la première matière.
Vous savez le début et la fin; votre connaissance des processus
physiques ne saurait manquer de vous suggérer la partie intermédiaire
de notre Magistère. Il y a l'eau et la terre minérale réunies
dans la même substance; dedans vous devez introduire la forme
de l'or, se composant également d'eau minérale et de terre fixée.
Pouvez-vous douter quant à la manière dont vous devez développer
les qualités exubérantes de la substance? Rien ne peut être introduit
dans cette eau minérale et cette terre sinon ce qui appartient
au même genre. Le développement est causé par un agent interne,
sans lequel le mot même d'Alchimie n'existerait point. Cet agent
est recherché par beaucoup, mais trouvé par peu. Il s'agit d'un
précieux liquide qui n'offre pas ses services à la multitude,
mais est le serviteur des Sages. Certains pensent que c'est le
Mercure commun exposé à une intense chaleur dans un récipient
de verre; d'autres prétendent que le Mercure doit être distillé
très doucement dans un récipient en verre et raréfié. Mais toutes
ces personnes ne sont que d'ignorants philosophistes. En vérité,
Raymond décrit un procédé similaire, mais il entend quelque chose
d'entièrement différent, à savoir que notre Mercure doit être
purifié dans un récipient brillant, non pour en faire jaillir
l'eau mais afin de l'affranchir de sa grossièreté par le feu,
et de le rendre plus aisément soluble. D'autres méthodes, telle
celle proposée par le moine Ravilascius, non seulement trahissent
une ignorance crasse mais sont de plus totalement absurdes. En
aucune manière il n'est possible de faire jaillir notre eau du
Mercure commun ou de révéler les mystères de notre Magistère.
Il n'est aucun menstrue capable de dissoudre notre Mercure de
telle sorte qu'il conserve sa forme, et pourtant c'est ce qu'exige
notre Art. De plus, il semble absurde que le supérieur doive être
soumis à l'inférieur. Par exemple, la Lune est passive par rapport
aux Planètes, et est cependant dite agir sur tout ce qui est disposé
au-dessous d'elle. Est-ce qu'alors Mercure, incluant la sphère
de la Lune, devrait être affecté par la Lune? Non, et encore moins
les corps supérieurs peuvent-ils être affectés par Mercure, étant
donné que c'est plutôt Mercure qui est affecté par eux. Même si
le Mercure commun pouvait être dissous, il ne pourrait exercer
son pouvoir que sur la Lune qui est contiguë à lui. Si nous suivons
la raison, elle nous dira que le plus grand contient le moindre,
et que ce Mercure commun a jusqu'ici été tenu pour un esclave
et non pour un maître. D'autre part, Saturne inclut en son cercle
les sphères de tout le reste; par sa vertu est produit le plomb,
et lui aussi est la cause que cette eau métallique contienne toutes
les propriétés essentielles. Car non seulement la Pierre peut-elle
être préparée à partir du plomb, comme nous l'avons montré, mais
le plomb lui-même peut devenir Pierre. Son eau sera un menstrue
pour tout le reste, mais toutefois la chose qui dissolvera le
plomb ne sera point la même qui dissout le reste, comme nous allons
l'expliquer. Étant donné que la propriété de ce menstrue est de
dissoudre, nous allons en parler sur-le-champ.
La solution est l'action de tout corps, qui, en vertu de certaines
lois de sympathie innée, assimile toute chose d'une catégorie
inférieure à sa propre essence. Or, il n'est parmi les métaux
aucune forme plus vigoureuse ou puissante que celle de Saturne,
et donc, le dissolvant de Saturne doit être recherché dans le
monde végétal. Ce dissolvant doit s'accorder avec Saturne pour
ce qui est de ses propriétés. Or, parmi les minéraux, Saturne
est le plus éloigné de la maturité, et donc notre substance végétale
doit être elle aussi hautement immature. De même que la douceur
est distinctive de la maturité, l'aigreur accompagne l'immaturité,
laquelle est en outre le résultat du froid, tandis que la maturité
est celui du chaud. Notre menstrue, ou dissolvant, doit donc être
une eau aigre et végétale. De plus, le plomb étant grossier au
centre et pur près de la circonférence, le menstrue végétal que
la Nature a conçu pour dissoudre le plomb doit être de même genre.
Il est deux autres dissolvants possédant toutes les caractéristiques
de l'or et de l'argent, étant des corps fixés de tempérament sensible,
et détenant le pouvoir de dissoudre ces métaux, car ils sont totalement
affranchis de toute grossièreté; et ce dissolvant qui est or fut
paré par les Anciens du titre de grand menstrue. Ils nomment le
menstrue de Saturne petit menstrue car il n'a aucun pouvoir sur
l'or. Seuls l'or et l'argent possèdent la qualité de se dissoudre
eux-mêmes, car il n'est aucun métal qui leur soit supérieur pour
exercer ce pouvoir. L'or peut également dissoudre le cuivre et
le vif-argent, bien qu'il ne soit pas vrai que le Mercure commun
absorbe l'or, ce qui est aussi impossible que d'imaginer la sphère
de Mercure devant inclure celle où le Soleil lui-même se meut.
Le Grand Menstrue, ou eau de Mercure, comme l'appellent certains,
produit, bien qu'il dissolve or et argent, un effet plus complet
et plus rapide dans le cas de l'étain. Mars est contigu au Soleil,
et, étant de nature noble, il s'harmonise mieux avec le Soleil
et la Lune, et en vertu de sa position il est appelé instrument
parfait et propre à mouvoir le Soleil. Ceux qui veulent dissoudre
le Soleil doivent dissoudre Jupiter via Saturne dans l'eau de
Mars, puis avec la lymphe de Jupiter, et l'or avec le menstrue
de Mars, car ainsi les vertus de notre substance seront-elles
convenablement exercées. En outre, le Soleil, grâce à son humidité,
dissout Vénus, par la rosée de laquelle le Mercure commun peut
être rendu liquide. Ce liquide, enfin, dissolvera la Lune. Mais
il ne faudrait pas croire que les corps éloignés, comme Jupiter
et Saturne, peuvent dissoudre les autres grâce à leurs propres
vertus immédiates. Nous avons de fait défini la dissolution comme
une certaine action par laquelle, conformément aux lois de Sympathie,
un corps en assimile et en hisse d'autres jusqu'à sa propre vertu,
mais cela doit être compris comme s'appliquant uniquement aux
corps contigus. Saturne, qui comprend la sphère de Jupiter, est
assujetti à Mars, et Mars, d'un autre côté, agit sur Saturne par
l'entremise de Jupiter. Mais comme la nature de Mars est tout
à fait propre à dissoudre le Soleil, Saturne, qui possède les
mêmes propriétés, peut faire la même chose, toutefois non en vertu
de sa nature propre, mais parce que la nature de Mars est inclue
dans celle de Saturne. Cela doit être compris le tous les autres,
suivant leur genre. Jusqu'ici, nous avons expliqué l'art de dissoudre
les corps métalliques, au moyen du triple menstrue qui leur est
propre, en leurs principes immédiats, à savoir l'eau et la terre.
Nous allons maintenant brièvement décrire la méthode permettant
de réduire les métaux en une substance plus éloignée encore, à
savoir le vif-argent. Je ne prêterai ici pas la moindre attention
aux discours venimeux d'astrologues malveillants; j'aurai quelques
mots à leur dire, plus tard, lorsque je traiterai des conjonctions
et diamètres des planètes, ainsi que de leurs réelles et périodiques
syzygies. Prenez Vénus, ou le cuivre, le sujet sur lequel vous
désirez agir, et souvenez-vous que vous tentez de rendre visible
une partie dont il est dans la nature profonde que d'être proche
du centre. Cherchez dans quel signe de l'horoscope Vénus se lève,
et vous vous apercevrez que c'est dans le signe du Taureau au
quinzième degré, à angle droit avec le Soleil levant; tournez
vos yeux à l'ouest, et vous verrez le Scorpion au même degré,
devant lequel se trouve la surface de Mars, naturellement froide
et sèche, dirigée vers la terre. Prenez note de ces choses. A
la troisième aire du ciel et dans la dixième maison, vous trouverez
le Lion. Or, le Lion est l'animal du Soleil, dont vous avez besoin
comme substance intermédiaire sous des angles donnés. Suivez le
guide, et imitez ces relations célestes dans votre astronomie
terrestre, i.e., prenez l'eau menstruelle de l'or, purifiez-la deux ou trois
fois de la terre, ou de la chaux de fer, versez goutte à goutte
sur le corps de Vénus, qui aura tout d'abord été fondu, et en
quelques instants vous obtiendrez du Mercure liquide, ainsi que
l'exige notre Art. Prenez l'eau de plomb épaissie avec la terre
du fer (Mars), afin de dissoudre le Soleil, ainsi que ce qui reste.
En outre, le Soleil, conformément à cette règle, tandis que le
Lion est ascendant, sera en opposition à Saturne dans le Verseau,
dont la surface imite la nature le l'eau; dans leur milieu, pour
ainsi dire, ou au milieu du Ciel, il y aura le Tabernacle et la
Maison de Mars. De cette manière, tout minéral est réduit à la
nature de sa seconde partie constituante. Mais n'en dis pas trop,
Kelly; car déjà on voit au loin la fumée s'élever du toit des
demeures, et les ombres des collines commencer à s'étendre.
COMMENT PRÉPARER LA PIERRE
AVEC EAU ET TERRE
Lorsque la gomme se distille de la bonne manière, enlevez du feu
le récipient contenant la terre, cela dès que l'eau que nous appelons
menstrue s'est évaporée. Puis cassez le récipient un peut au-dessus
de la glaise recouvrant le fond. De cette manière, la terre noire
s'embrasera de son plein gré, et se calcinera merveilleusement
- un secret que les Sages ne voulaient point coucher par écrit;
ils disent simplement que notre Pierre pouvait se calciner, se
purifier, se dissoudre, se multiplier et s'achever d'elle-même.
Tandis que la terre est embrasée comme un vivant charbon, elle
devrait être remuée avec une barre de fer, de sorte que toutes
ses parties soient parfaitement calcinées. Puis, prenez un fin
tamis, plus fin que la terre, et dès qu'elle est devenue froide
purifiez-la des miettes de Saturne. Placez dans l'oeuf des Sages,
ajoutez l'eau, tout d'abord sans aucune distillation, et tout
aussitôt scellez hermétiquement l'oeuf. De cette manière, toute
l'eau sera absorbée par sa terre. Ceci est le grand secret, dont
les Sages nous disent que l'heure de la naissance de l'enfant,
i.e. l'eau, ne doit point être permise, mais immédiatement jointe
à son propre lait, i.e. le ferment. C'est le dragon qui dévore sa propre queue, ou les
serpents dans le tourbillon "Saliatique", dont l'un est muni d'ailes
(i.e. l'eau), et l'autre (la terre) non. Il s'agit de la pierre divine
ne tenant que d'elle-même, s'auto-préparant, se teintant, se fermentant
et se multipliant elle-même. C'est l'oeuvre qui, comprise d'un
homme, ne doit point être par lui divulguée à son frère. Placez
le reste, la bouche fermée, dans l'athanor, digérez graduellement,
car cela est passé par tous les changements et toutes les couleurs.
Considérez le noble oiseau, i.e. l'enfant. Cet oiseau est un homme né lorsque Saturne est en Bélier,
i.e. en Mars, dont la tunique doit être sectionnée par la nourrice,
celle-ci aussi étant l'homme de Mars. Durant la sélection, n'oubliez
pas qu'il doit être extrait de son minerai incorrompu, i. e., de la femme et de l'homme, et non seulement enseveli dans la
terre, mais également dans un tas de fumier, et dans les rues
communes; car, comme disent les Sages, cela est enterré dans les
rues. Cela, à ce qu'en dit le Sage, est la chose que tous possèdent,
et il n'est pourtant pas de plus grand secret sous les cieux,
grâce auquel les maladies sont guéries, les métaux transmutés,
et toutes choses accomplies. Cela passe par tant d'admirables
couleurs qu'elles en sont impossibles à décrire. Cela est dissous
dans l'eau trois jours durant dedans l'athanor. C'est le parfait
minerai de soufre blanc et rouge dans les animaux, et nous avons
déjà vu qu'il faisait pousser les dents dans la bouche du vieil
homme. Ripley affirme au sujet de cette merveilleuse Pierre :
Souvenez-vous que l'homme est la plus noble des créatures de la
terre, en laquelle se trouve une Mercurialité neutre des quatre
éléments proportionnés par Nature; car nos deux métaux ne sont
autres que les brillants minerais de notre Soleil et de notre
Lune limpide, comme le remarque sagement Raymundus. La méthode
est comme suit : faites d'abord l'eau Mercurielle de la Lune,
c'est-à-dire : prenez de l'aqua fortis obtenue d'usuelle manière
par le sel et le vitriol, rectifiez-la trois ou quatre fois, car
toute eau de ce genre sans fréquente rectification est dénuée
d'utilité ; dissolvez dans cette eau deux onces de pure Lune,
et digérez la solution durant vingt jours dans un récipient qui
soit pélican. Placez dans une cornue, et chassez l'aqua fortis
dans le bain. Répétez jusqu'à ce que l'eau surgisse comme de l'eau
de source. Ajoutez de l'eau fraîche, et répétez l'opération précédente,
afin que l'argent puisse être calciné par le feu tandis que son
humidité, contraire à la Nature, est préservée voire accrue. Enlevez
toute l'eau, recueillez ce qui est dissous par la violente vapeur
du bain, et dissolvez-en cinq onces de notre blanche eau menstruelle.
Faites circuler durant un mois, purifiez de son résidu, distillez
le menstrue, et demeurera alors l'Huile de la Lune. Si elle n'est
pas encore parfaitement claire, ajoutez plus d'eau menstruelle,
jusqu'à ce qu'elle devienne parfaitement liquide et pure. De la
même manière, dissolvez une once d'or dans l'eau Régale, obtenue
grâce à la rectification de l'aqua fortis avec le Soleil brûlé,
digérez durant vingt jours, puis séparez souvent, et ajoutez l'eau,
jusqu'à ce que cela devienne peu consistant; liquéfiez ensuite
correctement le Soleil avec de l'eau fraîche en sorte qu'il coule
comme de la cire; vous prendrez alors quatre onces de notre huile
ou menstrue et dissoudrez ledit or, et ensuite le triturerez dans
un récipient de verre bien clos pendant 20 jours; dissolvez à
plusieurs reprises. Alors l'or sera bien purifié, et il s'agit
de la substance mâle et femelle, devant être unie dans cette oeuvre
avec l'eau d'Antimoine. Distillez le Roi ou Régule d'Antimoine
et le Mercure sublimé de la manière habituelle, jusqu'à obtenir
une eau visqueuse, qui doit être par deux fois rectifiée de son
résidu dans un bain chaud, ou en la coulant par sept fois au travers
du sable. Prenez trois parties de cette eau, deux parties de l'eau
de la Lune, une partie de Soleil, et placez le tout dans notre
oeuf philosophique, de sorte à le remplir au tiers. Digérez par
double circulation, comme vous savez faire, et cela deviendra
le véritable Magistère permettant de transmuer le Mercure en Or.
UNE MANIÈRE FACILE
D'OBTENIR LA TEINTURE
Prenez une once d'or, dissolvez dans l'Eau Régale, évaporez toute
l'eau forte par la chaleur de cendres ou de sable, versez sur
cette substance une bonne partie d'Esprit de Saturne, et elle
prendra immédiatement une coloration foncée. Placez l'ensemble
de la solution dans une cornue, et évaporez l'esprit par une chaleur
modérée. Versez cette solution sur l'or, comme auparavant, retirez
au bout de deux heures, et séparez de la solution par une chaleur
modérée. L'esprit est alors intensifié et illuminé par les rayons
du soleil. L'or peut alors être fondu et employé aux fins habituelles,
ne pouvant plus être d'aucun usage en cette oeuvre. Placez l'esprit
dans le pélican, avec une once de Mercure commun sept fois sublimé,
scellez hermétiquement avec la meilleure cire, et placez dans
le bain de vapeur à chaleur tempérée; après cinq ou six semaines
le Mercure commencera à se dissoudre, et, chose merveilleuse à
dire, sera sublimé à la surface de l'eau, teinte d'une couleur
noire et rougeâtre, et cette quintessence est par la suite coagulée
avec le Mercure en une poudre blanche comme neige. Finalement,
que le récipient soit disposé dans un athanor muni d'un couvercle
ou chapiteau façonné en forme de pélican, dans lequel la substance
est digérée en une poudre jaune, puis noire.
UNE MANIÈRE D'OBTENIR
L'OR POTABLE
Il y a deux sortes d'or potable. L'un est nommé Élixir, et est
la pierre liquéfiée en huile; l'autre est extrait de chaux d'or
fondue avec l'huile rouge de Saturne. Toutes les autres recettes
et méthodes d'alchimistes sont ineptes et éloignées de notre but,
car quoi que ce soit qu'on réduise en un corps, ce dernier sera
grossier et non décocté. La Nature développe ce qui est bon dans
ce qui est meilleur au moyen de l'altération. De l'or qui n'est
pas passé par l'altération ou solution physique n'a pas été extrait
quelque chose de meilleur. Prenez de l'huile de plomb, et circulez
durant quarante jours dans un bain de vapeur. Distillez dans une
cornue jusqu'à ce que plus de la moitié soit remontée, et vous
verrez alors dans le récipient une eau blanche et cristalline
demeurant au fond, tandis que l'huile flotte à la surface. Emparez-vous
de cette huile, écartez l'eau désormais inutile; distillez lentement
cette huile deux ou trois fois; et lorsqu'elle sera totalement
exemptée d'eau, circulez durant trois jours, puis rectifiez, et
ce sera prêt. Prenez une once d'or commun purifié, amalgamez avec
douze parties de Mercure deux fois sublimé et revivifié. Distillez
le Mercure, et l'or demeurera sous la forme d'une fine poudre.
Placez cette poudre avec la chaux d'or dans le pélican, versez
dessus l'huile précitée, digérez douze jours durant. Versez la
solution dans une cornue plate et transparente, débarrassez de
tous les résidus et impuretés, évaporez l'huile dans un bain tiède,
jusqu'à ce qu'une épaissegomme dorée demeure au fond; séchez l'or,
calcinez-le à feu sec, et dissolvez avec l'huile comme auparavant.
La gomme qui s'ensuit est potable et n'est désormais plus réductible
à un corps. Il n'y a aucune autre méthode sous le ciel permettant
de dissoudre matériellement le corps de l'or, et à ce sujet, Ripley,
un homme et un philosophe honorable pour toute l'éternité, écrit
ce qui suit :
"La nature du Soleil étant très pure enrichit l'air, se mélange
à lui et le mûrit, fait s'enfuir la peste, nourrit et purifie
l'air, fait embaumerles roses, dessèche les humeurs nocives, adoucit
et affermit et purifie Nature. Elle fait croître toutes choses,
et remplace l'aridité par la verdure. Elle est verdoyante dans
le laurier, rit aux éclats dans l'or, engendre des pierres, et
appelle à la vie des corps étincelants."
Dissolvez l'or purifié dans du vinaigre distillé; dissolvez durant
trois jours, puis passez au travers d'un filtre, et évaporez jusqu'à
ce que ce soit épais et devienne une gomme, dont il vous faut
24 livres; mettez-en trois dans un récipient, et distillez à feu
de sable modéré; lorsque ce n'estpas excité par le feu ajoutez
des charbons; faites de la sorte jaillir l'humidité graduellement
et habilement, jusqu'àce que vous voyez une blanche vapeur monter
dans l'alambic. Prenez un grand récipient, enveloppez-le de toile,
et plongez-le dans l'eau froide. Entretenez un feu modéré et égal
de manière à ce que les esprits ne puissent pénétrer dans le récipient
plus vite qu'ils ne peuvent être dissous, ce qui ferait exploser
le récipient, et ne serait pas sans danger pour l'artiste. Si
les gouttes s'écoulent trop lentement, augmentez légèrement le
feu, et vers la fin il vous faut un feu ardent; en conséquence
n'épargnez point vos charbons pour lors. Lorsque vous aurez ainsi
recueilli toute l'humidité des 24 livres, circulez-la deux fois
dans un pélican dessus un feu modéré. Puis prenez un récipient
de haute taille et distillez lentement jusqu'à ce que paraisse
une eau qui brûle comme l'esprit-de-vin. Conservez ceci, et versez
le reliquat dans une cornue grande et plate, et placez dans le
bain jusqu'à ce que vous voyez comment, par le biais de la distillation,
une huile est séparée (son flegme demeurant toujours dans la cornue)
et flotte à la surface. Prélevez cette huile, car c'est l'Huile
de Mercure, en laquelle le Soleil peut être dissous. Subtilisez
ladite huile dans le pélican au-dessus d'un feu modéré, puis rectifiez
une fois encore. C'est la préparation de la véritable eau mercurielle,
ou de la femelle. Maintenant vient la préparation du mâle, ou
de l'or. Transférez le corps pur, sans mélange, de l'or dans le
Mercure, ou conformément à la voie philosophique commune, ou conformément
à celle de la terra damnata, remuant avec l'outil Trycsitrock durant une heure. La première
méthode est mise en application comme suit : - Prenez le menstrue
de Saturne, et ajoutez du Jupiter calciné dans une cuillère en
fer : pilez, réduisez en poudre, et dissolvez avec le menstrue
de Saturne; rectifiez une fois encore, et ajoutez du fin crocus
(soufre) de Mars. Le bain tiède le liquéfiera en eau rougeâtre;
purgez le menstrue jusqu'à ce que de rouges gouttes tombent à
terre; changez de récipient, écartez le liquide rougeâtre de Mars,
et rectifiez-le encore et encore. La vertu du dissolvant sera
alors intensifiée. Prenez de la terre noire de plomb, c'est-à-dire
de votre minium, qui demeure au fond du récipient après l'extraction
de l'eau de vie, ou esprit de Saturne, et si vous le calcinez
durant deux heures, elle deviendra jaune; versez dessus l'eau
préparée deMars, et distillez une fois encore; de la sorte sera-t-elle
fortifiée. A ce stade, vous devriez avoir prêt de l'or finement
pulvérisé, auquel appliquer le menstrue fortifié de Mars et la
température tiède du bain, pour que ce soit en quelques instants
réduit en Mercure. Disposez huit onces de ce Mercure dans un récipient
de verre dont il remplira un huitième. Placez dans un petit fourneau,
rempli de sable, et augmentez la chaleur semaine après semaine,
et il sera précipité en quarante jours. Ceci est la préparation
de notre or : maintenant vient sa fermentation. Ayez à votre disposition
un récipient ovale, dont le tiers contiendra huit onces de ladite
huile de Saturne ; ajoutez deux onces de votre or précipité; lorsqu'au
bout de quelques heures l'or sera absorbé et dissous, scellez
le récipient et placez sur l'athanor. Après quarante jours, cela
commencera à noircir, et notre chaleur modérée lui fera franchir
toutes les étapes de la noirceur. Augmentez la chaleur et vous
contemplerez, successivement, toutes les différentes nuances de
blanc; puis cela deviendra jaune, et enfin rouge foncé; retirez
la terre noire, nommée terra damnata, qui après 24 heures d'ardente chaleur sera localisée au fond
du récipient, et votre teinture sera prête ; elle réduira instantanément
tous les métaux à Mercure. Faites disparaître les impuretés à
la surface de ce Mercure en le remuant avec Trycsitrock.
La manière de multiplier la teinture est comme suit: - Prenez
de l'Huile de Saturne et de la Pierre dissoute en parties égales,
dans lesquelles vous ayez préalablement dissous de l'or; digérez
dans un récipient scellé, et la première fois ce sera accompli
en six mois, la seconde en trois mois; la troisième, cela passera
par toutes les couleurs en un seul mois; la quatrième en deux
semaines; la cinquième en une semaine; la sixième en trois jours.
Ce sera alors trop subtil pour être multiplié plus avant, mais
vous devrez recommencer.
FIN DU TRAITÉ DE KELLY
LE SECRET
DES QUATRE EAUX DE PERFECTION
Vitriol 3 livres, alun (purifié) 2 livres, salpêtre 1 livre. A
partir de ceux-ci vous obtenez, avec l'eau forte, l'eau simple
du premier degré. Pour la seconde eau de perfection, prenez 1
livre de la première eau, et dissolvez dedans 4 onces de sel ammoniac;
cette eau prend alors une autre couleur, elle dissout le Soleil,
et constitue la seconde eau de perfection. Pour la troisième eau,
prenez 20 onces de l'eau susmentionnée, avec 8 onces de Mercure
sublimé et convenablement broyé; mélangez, scellez, plongez dans
les cendres chaudes; lorsque le Mercure est dissous, vous avez
la troisième eau de perfection, et lorsqu'elle est versée sur
une plaque de cuivre, celle-ci prend la couleur de l'argent. Cette
eau brûle avec une flamme blanche et fétide dont vous devrez vous
méfier. Pour la quatrième eau, prenez de cette eau et du Mercure
sublimé, plongez dans un récipient qui sera scellé, puis dans
du fumier de cheval pour une quinzaine, et cela affectera un bleu
imparfait ainsi qu'une couleur jaunâtre; distillez l'eau vivante,
par les cendres, à feu modéré, et vous obtenez le lait de la vierge.
La première eau dissout la Lune, calcine Mercure, noircit la peau,
et est du première degré. La seconde eau dissout l'or et Mercure,
sublime le soufre, fait des taches oranges sur la peau, et est
du second degré. La troisième eau modifie la couleur du cuivre
en celle de l'argent, et réduit tous les métaux à leur première
matière. La quatrième eau réduit tout corps calciné, pulvérisé,
à la première matière, et est dite eau claire et vivante; elle
est également lourde, et est nommée lait de la Vierge; elle est
piquante, forte et amère ; si une goutte en tombe sur du cuivre
elle le perfore, et elle forme des cristaux blancs lorsqu'elle
est distillée comme les autres eaux. Cette eau en distillation
et putréfaction est exempte de toute l'action corrosive du soufre,
et dissout les métaux en leur première matière au lieu de les
corroder; elle est purifiée de tout sédiment ou impureté, et dureté
du fer, dont tous les métaux, même le cuivre, conservent pourtant
une trace, laquelle est de couleur bleue. Prenez n'importe quelle
limaille métallique, mêlez à du sel finement broyé, lavez à l'eau
saline chaude, séchez, recouvrez cette poudre de cinq pouces d'huile
de tartre, scellez, plongez dans le fumier de cheval duranthuit
jours afin que cela s'y puisse putréfier. Sortez le tout du récipient,
écartez l'huile, séchez lentement la poudre dans les cendres chaudes,
placez dans l'eau vivante (notre quatrième eau), laissez le récipient
exposé à la chaleur, et vous verrez comment la poudre se dissout
en Mercure. Transvasez soigneusement l'eau dans un autre récipient,
et là demeurera le nouveau Mercure, qui est corporel et non volatil
comme l'autre Mercure; lavez avec eau chaude et sel commun, puis
séchez. Filtrez avec de la toile; si quelque amalgame demeure
sur la toile, remettez-le dans l'eau vivante, jusqu'à ce qu'il
devienne Mercure vif; répétez ceci jusqu'à ce que tout le Mercure
ait été filtré par la toile. Il s'agit de notre Mercure corporel
et magistral d'insigne perfection, et non de l'espèce commune.
Ses caractéristiques sont les suivantes : son écoulement n'est
point semblable à celui du simple Mercure; lorsqu'il est placé
sur un corps qui n'est pas fixé dans le feu, il le fixe d'autant
qu'il le recouvre. Il fixe donc tous les corps qui n'étaient point
fixés auparavant, et de la manière expliquée ci-dessus vous pouvez
obtenir autant de Mercure corporel que vous le désirez. Si vous
avez produit 20 onces de ce Mercure, prenez 5 1/3 onces de limaille,
pilez menu, ajoutez 10 2/3 onces de Mercure corporel, et faites-en
un amalgame en broyant (obtenez une pâte tendre). Divisez l'amalgame
en trois parts, mettez dans le récipient, prenez une part du corps
calciné et trois parts de Mercure corporel, mélangez bien, ajoutez
aux deux autres parts d'amalgame, mélangez bien, laissez dedans
le récipient dans les cendres chaudes jusqu'à ce que toute la
substance soit changée en Mercure; et ainsi pourrez-vous multiplier
ce Mercure à l'infini, dumoment que vous possédez de la limaillemétalli-quede
quelque espèce que ce soit.